Le principe du reboisement défendu par l'association

Extraits de l'article de Michel Thinon, chercheur au CNRS.    (lire l'article complet)

Les reboisements de l'A.R.P.C.V. réalisés depuis 1987, après l'incendie qui a ravagé le massif de Sainte Victoire, rompent avec les méthodes habituelles qui considèrent que la forêt méditerranéenne est naturellement composée de chênes verts et de pins; et, de ce fait, ont suscité interrogations, irritations, voire même hostilité malgré leur succès.

* La conception des reboisements de l'association repose sur des constats scientifiques qui intègrent la dimension historique. Les disciplines phytohistoriques montrent en effet de façon irréfutable que la végétation méditerranéenne actuelle telle que nous la connaissons n'a rien de naturel, et qu'elle n'est que la réponse adaptative du monde végétal à des agressions permanentes de l'homme depuis plus de 6000 ans.

* La végétation méditerranéenne originelle est en fait dominée par les chênes caducifoliés comme le chêne blanc. A partir du Vème millénaire avant notre ère, l'homme va inaugurer un nouveau mode de vie où il devient producteur de sa nourriture, c'est la «révolution néolithique». Le feu est utilisé de façon permanente dans l'oeuvre de défrichement et d'entretien des espaces pâturés et cultivés. Vers l'an 2 000 ans avant notre ère, alors que le climat reste constant, les forêts ont  pratiquement disparu; le paysage de type garrigue ou maquis qui nous est familier est déjà généralisé.

* Les paysages méditerranéens actuels apparaissent donc comme entièrement générés par l'action séculaire du couple feu-pâturage. Les végétaux résistant bien à cette contrainte ont été sélectionnés au cours des millénaires et occupent  l'essentiel de l'espace dit naturel, et sont à l'origine de la forte sensibilité au feu de la végétation actuelle.

* Pour rompre avec la logique de la plantation du combustible de l'incendie de demain, il faut s'orienter vers la re-création de formations boisées moins sensibles et, si le fléau frappe à nouveau, ne nécessitant pas de nouveaux investissements en plantations. Seuls des reboisements rationnels, intégrant les impératifs écologiques parviendront au double but recherché.

* Le but de l'association n'est donc pas de reboiser entièrement Sainte Victoire de façon uniforme, mais d'expérimenter certaines techniques de reboisement que les professionnels n'ont pas le temps d'étudier, et de créer des zones coupe-feu boisées uniquement de feuillus, qui sont complémentaires des zones plantées d'oliviers et des zones où les arbres repoussent tout seuls (pins et chênes verts essentiellement).