Pourquoi
éduquer à l'environnement ?
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Les
instances internationales, après que la Conférence des Nations
unies de Stockholm ait lancé en 1972, l'idée d'une éducation
relative à l'environnement, se sont régulièrement
préoccupées de préciser les objectifs de cette éducation
nouvelle.
C'est
ainsi que la conférence de Tbilissi (1977) estime que "l'objectif
fondamental de l'éducation relative à l'environnement est
d'amener les individus et les collectivités à saisir la complexité
de l'environnemnt, tant naturel que créé par l'homme - complexité
qui tient à l'interaction de ses aspects biologiques, physiques,
sociaux, économiques et culturels - ainsi qu'à acquérir
les connaissances, les valeurs, les comportements et les compétences
pratiques nécessaires pour participer de façon responsable
et efficace à la prévention, à la solution des problèmes
de l'environnement, à la gestion de la qualité de l'environnement".
Le Ministère
de l'Education Nationale, qui a publié, le 29 août, une "instruction
générale sur l'éducation des élèves
en matière d'environnement - véritable charte constitutive
de cette éducation particulière - et à ménager
à celle-ci une place dans le système éducatif, se
trouve parfaitement en phase avec les finalités énoncées
au niveau international.
Les
jeunes d'aujourd'hui étant citoyens de demain, l'objectif de l'école,
estime-t-on en France est :
de les sensibiliser
à la nécessité de gérer rationnellement et
raisonnablement leur environnement pour assurer leur propre bien-être
et celui des générations futures;
de leur
fournir des moyens intellectuels leur permettant de le faire. Protéger
et aménager l'environnement, suppose en effet qu'on connaisse les
mécanismes qui régissent les grands équilibres biophisiques
et sociaux, au niveau local et planétaire;
de faire
naître chez eux un certain nombre d'attitudes et de comportement
positifs à l'égard de l'environnement;
de les conduire
à partager les valeurs qui justifient les comportements environnementaux.
En matière
de comportement favorables à l'environnement, Cornélus Castoriadis
écrit : "un changement d'attitudes envers la nature est indispensable.
Nous devons nous défaire des fantasmes de la maîtrise et de
l'expension illimitée, arrêter l'exploitation sans borne de
notre planète, cohabiter avec elle amoureusement, comme un jardinier
avec un jardin anglais", (Le Monde du 10décembre 1991).
Parmi
les comportement auxquels il faut initier les élèves, en
vue de les faire accéder au statut "d'écocitoyens", deux
types sont à considérer :
a) des comportements
individuels de la vie quotidienne,
Il s'agit
dans ce cas d'inciter les jeunes à économiser l'eau et lénergie;
à ne pas jeter n'importe quoi n'importe où et à se
livrer à un tri sélectif des déchets; à ne
pas se comporter en consommateurs passifs, et à résister
à la publicité et aux suremballages clinquants; à
agir enfin pour la protection et l'amélioration de l'environnement
(l'éducation à l'environnement est avant tout une discipline
d'action),
b) des comportements
en tant que citoyen responsable
Il s'agit
dans ce cas de suggérer aux jeunes de s'engager au service de la
protection de l'aménagement, par des actions collectives concrètes
(débroussaillage, plantations d'arbres), mais également en
utilisant à bon escient le principal outil du citoyen qu'est son
bulletin de vote, en intervenant au niveau des décideurs, ou en
militant dans une association de protection de la nature, une union de
consommateurs ou de quartiers, en faveur, par exemple, de l'amélioration
du cadre de vie, etc.
Mais
protéger et gérer l'environnement ne peut se faire qu'en
référence à certaines valeurs, que l'éducation
à l'environnement se doit de promouvoir. Citons quelques unes de
ces valeurs :
la tolérence,
le respect des autres et de la vie, ce qui condamne toute forme de racisme,
d'antisémitisme ou de xénophobie,
la solidarité
entre les hommes, ceux d'aujourd'hui - qu'ils soient au Nord, au Sudou
à l'Est (c'est pourquoi on parle aujourd'hui "d'éducation
à l'environnement et au développement") - et ceux de demain
(solidarité entre les générations)
Il existe
une éthique de l'environnement. En dernière analyse, c'est
aux Droits de l'homme que l'éducation à l'environnement se
réfère. L'homme, qui a droit à une eau pur et un air
saint, mais également à un régime de liberté
et de paix, ainsi qu'à des relation conviviales avec ses semblables.
C'est pourquoi l'éducation à l'environnement apparaît
comme l'une des formes majeures de l'éducation civique aujourd'hui.
Rappelons
pour terminer le message adressé au monde par la Conférence
de Stockholm :
" L'homme
a un droit fondamental à la liberté, à l'égalité
et à des conditions de vie satisfaisantes dans un environnement
dont la qualité lui permet de vivre dans la dignité et le
bien-être".
Pierre
GIOLITTO