A propos de la biodiversité des insectes de la région de SAINTE VICTOIRE |
L’intérêt de cette région
pour la richesse en insectes vient de la diversité des biotopes et
de la faible proportion des cultures intensives (surfaces en blé, vignes,
ou maïs traitées avec insecticides et fongicides).
D’avril à juillet–août,
beaucoup d’insectes remarquables sont présents et le promeneur peut
les voir, de loin assez souvent, car ils s’éloignent ou se cachent
à notre approche (distance de sécurité) ; si bien
qu’il est difficile pour beaucoup de non initiés de les voir de près
(forme, couleurs, détails). Sans livres-catalogues illustrés,
il est encore plus difficile de mémoriser et de distinguer quelques
unes de ces espèces rencontrées mois après mois, ou année
après année (papillons et coléoptères par exemple).
La présence de ces insectes
assez esthétiques dépend de différents
biotopes sans lesquels ils
Du relief (altitude, exposition du versant,
présence de ruisseau et autres points d’eau).
Des microclimats locaux
en différents endroits de la région du Massif de Sainte
Victoire.
De l’alternance des types de couverts végétales: boisements caducifoliés ou résineux, mixtes couplés en succession avec zone d’herbage de type steppique ou avec ancienne jachère à vignes, oliviers , amandiers abandonnés (parfois pâturées par des moutons).
Dans les champs laissés à l’abandon depuis plus de deux ans
s’ installent quantités de plantes nécessaires à la
vie de beaucoup de ces insectes remarquables: plantes basses vivaces ou annuelles
et arbustes à fleurs (aubépine, troëne sauvage, prunellier
…). En opposition, dans
la garrigue souvent en pente et au sol pauvre, le peuplement végétal
très ancien est fait de plants à essence (genévrier,
romarin, cyste, thym, lavande, sariette), chêne kermès, ajoncs,
qui excluent très souvent l’installation de ces plantes typiques de
la re-colonisation des jachères à l’abandon (sol souvent d’assez
bonne qualité ).
Pour la biodiversité
des insectes propres aux zones steppiques, les jachères anciennes
sont parfaites et ont proportionnellement un rôle important en maintenant
l’espace forestier ouvert ; leur structure végétale est
assez tranchée par rapport à la garrigue environnante .
La qualité de la biodiversité
végétale de ces friches anciennes peut être maintenue
et même améliorée par un seul passage annuel des moutons
(ou chèvres) ; ceci empêche que le biotope steppique soit
trop envahi et monopolisé par les pins, ronces , genêts qui
réduisent à la longue la diversité végétale
utiles aux insectes.
Les naturalistes savent combien une mauvaise
gestion de ces milieux peut raréfier ou faire disparaître ces
espèces remarquables :
Brûlages annuels ou bisannuels des haies et friches, labours annuels réglementaires des jachères, prélèvements d’eau excessifs dans les ruisseaux avec assèchement des rares zones humides en période estivale .
Enrésinement naturel invasif et excessif par les pins d’Alep (appauvrissement des biotopes et danger accru de sa destruction par incendie).
Empoisonnement des biotopes en périphérie des champs traités par pesticides.
Il y a aussi comme conséquence néfaste le remplacement de ces friches et jachères périurbaines par des parcs de loisirs trop « civilisés » dans leur totalité et coûteux ; l’engazonnement monospécifique (allure de terrain de golf ) est stérile pour ces insectes remarquables, les coupes d’herbes sont trop basses et trop fréquentes pour les fleurs sauvages qui pourraient s’y installer avec leur cortège d’insectes .
CONSEILS POUR AMELIORER LA BIODIVERSITE (insectes et petits vertébrés )
Pour les zones de jardins en périphérie des villes, il peut y avoir « l’effet corridor »* entre ces jardins et les prés, les garrigues et les bois environnants sous certaines conditions. Cet EFFET CORRIDOR permet le repeuplement de ces jardins par ces insectes plus ou moins décoratifs pour peu qu’il leur donne l’accès à ces nouvelles niches écologiques ( nourriture et abris grâce à ces végétaux particuliers ).
Il est important de pouvoir constituer à
cet effet une succession continue de fleurs mellifères
d’avril à août: thym, puis valériane rose, knautie (centaurée
rose), origanum vulgare (marjolaine rustique), troëne,
Buddleia, lavande, luzerne (et trèfle
si arrosage).
Il est souhaitable de:
Maintenir un coin de jardin un peu sauvage, ne pas mettre trop de résineux pour les haies ou les arbres de plein vent ( sinon en enlever).
Installer quelques prunelliers et (ou)
aubépines en haies ou laisser ceux qui existent à l’achat
du terrain (oiseaux et insectes ) .
Maintenir une partie des pelouses avec
un mélange graminées + luzerne (ou trèfle) et ne
pas tondre à moins de 20 cm (hauteur minimum) entre mai et août,
donc pour cela choisir la débroussailleuse (à lame ou à
fil ) plutôt que la tondeuse. On ménage ainsi une zone d’alimentation
et de reproduction des lépidoptères .
Clôturer au moins un des côtés du jardin avec du grillage (à grandes mailles) et non avec un mur entre le jardin voisin ou le champ ou les garrigues attenantes ( petits vertébrés, hérisson).
Jean-Pierre Balmain
------------------------------------------------------------------------------------------------
* Biotope = milieu biologique déterminé
offrant des conditions d’habitat stables à un ensemble d’espèces
animales ou végétales.
* Pour les concepts d’Ecotone et d’Effet corridor
, voir les explications dans Le Guide illustré de l’écologie
, Editions Cemagref 1996 ; p 270 , 271 ,
272 , 273.