Bilan des expérimentations en semis de glands de chênes blancs et des plantations

 

I. Présentation

L’ARPCV effectue chaque année un reboisement  en feuillus caducifoliés autour de Sainte-Victoire (Beaurecueil, Chateauneuf-Le-Rouge, Puyloubier) depuis le 1er feu du Cengle en 1986.

Ces reboisements ont été réalisés sur proposition de Michel Thinon chercheur en écologie végétale au CNRS à Marseille, en vue de constituer des formations végétales moins sensibles au feu que les pinèdes (pures ou mélangées), les garrigues, les pelouses.

Des expérimentations de semis de chêne blanc ont été mises en place en 1981 au Mont Puget près de Marseille par un organisme régional. J’ai participé à ce travail sur le terrain et réalisé l’analyse des  résultats, ce qui m’a conduit à mettre en place d’autres essais au Tholonet.

Les glands ont été protégés par un grillage contre la prédation des mulots et des écureuils. Ceci est indispensable pour ce genre    d’opération. L’ARPCV utilise des abris -serres appelés aki-plants, ce qui constitue la protection mécanique par opposition à la protection chimique (les répulsifs). Faute de pouvoir utiliser une canne (de mon invention) pour semer parmi le chêne kermès ou l’argelas par manque de répulsif contre la prédation, j’ai réalisé au Tholonet des semis à la volée dans du chêne kermès. Mais récemment je me suis rendu compte (avec le concours  de Christian Ripert) qu’en enveloppant les glands dans du grillage (protection mécanique), il était possible de les faire passer dans la canne à semer. Ce qui permet d’envisager son ré-emploi. Les résultats qui suivent sont présentés dans l’ordre chronologique.

 

II. Le Mont Puget (Luminy)

L’analyse des résultats montre nettement que le semis a la meilleure réussite dans les tapis de chêne kermès, d’argelas ou de Bruyère multiflore (qui est une plante littorale). Le taux de survie (en potet) 3 ans après le semis est de 57%, contre 2,5% et 20% dans le brachypode rameux (effectif de potets semés : 745).

Malheureusement, cet essai a été détruit par le feu.

III. le Tholonet

Les 2 essais complémentaires réalisés au Tholonet en 1987-88 et 1989 confirment ces résultats : 83% à 65 % de survie dans le chêne kermes ou l’argelas ou sous couvert léger de pins d’Alep contre 4% à 45 % dans le brachypode, romarin, globulaire pour le premier essai (effectif potets semés : 130) et 30,5% dans l’argelas contre 2,80 % dans le brachypode pour le deuxième essai (effectif potets semés : 120). Ces deux essais montrent en outre que l’irrigation est inutile dans les zones défavorables : elle n’améliore nullement le taux de survie, alors qu’elle est efficace dans les zones favorables.

Ces deux essais ont été partiellement détruits par les débroussaillements.

 

III. L’ARPCV. Saint-Ser -Puyloubier- La Légion étrangère.

L’analyse des dernières plantations de l’ARPCV (frênes à fleurs, cormiers, érables de Montpellier, semis de chêne blanc) réalisée par Charlie Garanx à St-Ser en 2001 et Céline Rodini à la Légion étrangère en 2003, confirment encore ces résultats. Le taux de survie  est de 95% dans l’argelas contre 72% ailleurs pour le premier et 89,5%contre 77%et 63 % ailleurs pour la seconde. De plus, la hauteur des arbres y est supérieure : 45% ont plus de 1m dans l’argelas contre 3% pour le premier (effectif : 275) et 84% ont plus de 1m dans l’argelas contre 56 % et 42% pour la seconde (effectifs : 467 plants vivants). Les résultats du comptage réalisé par Christophe Revaux  en 2004 concernent une tranche de reboisement réalisée dans un milieu qui ne comporte pas de formations à chêne kermès ou argelas. On ne peut donc confirmer les résultats précédents. Cependant, on peut apporter les précisions suivantes. Il s’agit d’une plantation réalisée à l’automne 2002, le comptage ayant été effectué à l’automne 2003. La plantation âgée d’un an a donc subi la sécheresse de l’été 2003. Le taux de reprise est de 88,7 % dans une pente exposée à l’est contre 54,3% dans une pente exposée au Sud. Et 60% des arbres ont plus de 60 cm dans la zone exposée à l’est (effectifs : 360) contre 23% dans la zone exposée au Sud (effectif : 184). La végétation présente est peu développée et à faible recouvrement (ciste blanc, érigéron du Canada , chênes kermès épars, brachypode de Phénicie). Il serait intéressant de refaire le comptage sur cette parcelle. Les hauteurs moyennes ne doivent être comparées à l’intérieur d’un même reboisement qu’entre les différents types de milieu.

On voit que le taux de reprise et la croissance vont dans le même sens : quand la reprise est forte, la hauteur moyenne est élevée et vice-versa.

Note :  les effectifs (il s’agit de plants vivants) ne concernent pas la totalité des reboisements : ils permettent de faire une comparaison entre deux types de milieux.

 

V. Le semis à la volée -               Le Tholonet

Les résultats du comptage (publiés dans la Feuille de chêne d’octobre 2004) : nombre de plantules de chênes comptées par rapport aux glands semés (100 pour chaque station), donnent : 20% en station fraîche et 5% en station sèche. Ces résultats doivent tenir compte de la prédation exercée sur les glands par les mulots et les écureuils ; des petits chênes blancs peuvent croître dans les caches oubliées par les rongeurs, difficilement repérables.

 

VI. Conclusion.

Le couvert de pin d’Alep a un rôle favorable sur la survie  des plantules de chênes mais  c’est surtout la présence de chêne kermès et d’argelas qui joue un rôle prépondérant.

 

Pierre Champroux

Technicien forestier

Membre du Conseil  d’administration ARPCV

 

Bibliographie:

- Feuille de Chêne octobre 2004 disponible à l'ARPCV

- P. Champroux - DED Saint Jérome 1996

- Champroux-Thinon-Roux-Bulletin de la Société linnéenne de Provence-Tome 42. 1991

- Charly Garanx - DEUST Saint Jérome - sept 2001.

- Céline Rodini - DEUST Saint Jérome - Sept 2003

- Elspass - Paillat - Ginoux - Etude de la germination du chêne en Provence

- Maîtrise de biologie des populations et des écosystèmes - Saint-Jérome -Juin 2002.

- La Feuille de Chêne N°52 - Octobre 2003