Le feu de la Saint-Jean

(Extrait de la Feuille de Chêne n°1)
 

" Dans mon enfance, à Aix comme ailleurs, le 24 juin on allumait des feux, célébrant ainsi comme nos ancêtre Celtes la nuit la plus courte.
Au "Bastidon" de mes grand parents on ne faillait pas à la tradition. partout dans les colline d'en face, on voyait les autres s'éclairer... Lorsque nous avons fondé l'A.E.P. (Association Excursionnistes Provençaux) nous avons fait de la Saint-Jean la fête de notre club.
Le samedi proche du 24, nous montions à Sainte-Victoire. Ramassant du bois mort, on formait un grand bûcher près de la croix et à la tombée de la nuit, on y mettait le feu. Un prêtre le bénissait et on chantait "La Compo Santo". Ensuite, sur l'esplanade du monastère, tard dans la nuit, chants, poèmes, etc..., on bivouaquait à côté du foyer. Croyez bien que cette nuit-là il en partait des "escarbilles" à tout azimuts et cela ne faisait pas brûler la forêt... Remplacée par la culture (témoin de Bancau) et du pâturage, celles-ci abandonnées par la suite, ont été remplacées par la garrigue et la pinède. Les feux de la Saint-Jean n'ont plus été possible. Le dimanche était célébré messe et culte protestant. Dans la cour du Foyer des Invalides, à Beaurecueil, la fête continuait, danses, jeux, spectacles. Tout heureux nous étions de réaliser cette fête devant les pensionnaires du foyer et tous ceux qui n'avaient pas pu faire l'ascension. M. Martinaud-Desplats, Ministre et Maire de Saint-Antonin, a dit le 28 juin 1953, lors de l'inauguration, la vraie du refuge Cézanne : " La vie est si courte qu'au fond, là où on a grandi, on revit aisément sa jeunesse, même trente ans plus tard".
Ce passé fait du souvenir des bons copains et de gais animateurs, je le revis aujourd'hui joyeusement, au même endroit, avec une équipe différente mais toujours animé d'un idéal. Cette équipe oeuvre pour que les feux dévastateurs ne soient plus un jour que du mauvais souvenir, pour le retour à la vie, de l'espoir, pour les feux de la Saint-Jean..."

Jean MAGNAN