Le chêne pubescent

(Extrait de la Feuille de Chêne n°7)

 

                               ARPCV
Description

Comme tous les chênes, il fait partie de la famille des fagacées. C'est un arbre de taille moyenne, qui atteint une hauteur de 15 à 20 mètres, rarement davantage. En futaie, comme dans la forêt de la Sainte-Baume, il dépasse 35 mètres, avec un fut rectiligne. Son tronc est souvent tortueux et branchu. Sa cime est arrondie.
Son écorce est de couleur noirâtre et souvent crevassée.
Ses feuilles sont ìmarcescentesî, c'est-à-dire que, desséchées, elles persistent sur l'arbre jusqu'au printemps, lorsqu'apparaissent les premiers bourgeons. Tout au long de l'année, le chêne pubescent changera ainsi de couleur, oscillant entre le gris vert, le jaune orangé, avec des nuances rougeâtres, puis il tournera au beige. Les feuilles ont une texture veloutée en dessous et glabre sur le dessus. En raison de leur forme, elles sont pennatilobées, mais la profondeur de la découpe ainsi que le nombre de lobes sont très variables.
Les glands sont généralement ovoïdes, entourés d'une cupule écailleuse pubescente. Leur maturation annuelle a lieu en septembre et octobre.
Cet arbre est parfois difficile à identifier, d'autant plus que les hybridations avec le rouvre ou le chêne pédonculé ne sont pas rares.
Le pubescent peut vivre plusieurs siècles.

Écologie - Répartition

Le chêne blanc aime la chaleur et la lumière bien qu'il ait besoin d'ombre les premières années. Il supporte relativement bien les sécheresses et les grands froids.
Il préfère les sols calcaires, mais s'accommode de tous les types de sols. C'est l'une des rares espèces qui acceptent les sols marneux.
On le rencontre sur les collines et sur les basses montagnes méditerranéennes. Son aire de répartition est très étendue en Europe.
Le chêne pubescent est un arbre souvent attaqué par divers champignons et insectes. Ses feuilles subissent parfois des défeuillaisons causées par des espèces de chenilles dont les principales sont les Bombyx. Les glands sont également régulièrement attaqués par les charançons. Le phénomène le plus impressionnant reste l'action du cynips du chêne, insecte qui pique l'arbre pour y pondre ses oeufs. Cette attaque est à l'origine des excroissances que l'on pourra observer sur certaines branches et à l'extrémité des rameaux. Ces tumeurs en forme de billes, de couleur verte puis brun noirâtre seront employées dans l'industrie de la teinture.

Utilisation

Le bois de chêne est dur et de densité élevée. Il est très employé par les charpentiers, les menuisiers et les ébénistes. Il sert à la fabrication des lames de parquet, des traverses de chemin de fer, et c'est lui qui donne la meilleure qualité de pilotis pour les travaux hydrauliques. On ne peut guère employer d'autre bois pour faire les portes des écluses, les étais de mine, les arbres des moulins et les constructions navales. De nombreux meubles, ainsi que les vieilles statues de nos églises, sont confectionnés en chêne blanc.
On en tire aussi des placages très employés par l'industrie du meuble et la décoration.
Le bois de chêne pubescent, qui est également un bon combustible, est souvent utilisé comme bois de chauffage. Il produit un excellent charbon de bois. Nos ancêtres l'avaient très bien compris et, même si le chêne vert se prêtait mieux à cet usage, la fabrication de ce résidu noir à partir de chêne pubescent était pratique courante jusqu'à la moitié du XIXème siècle (voir chapitre sur le fabrication du charbon de bois).
Le chêne pubescent peut également abriter ìl'or noirì de la Provence, la truffe, qui agrémentera les omelettes et les pâtés.
Les galles infusées dans une solution de sulfate de fer furent très recherchées pour la fabrication de l'encre et de la teinture noire.

Le chêne pubescent et la forêt méditerranéenne

Dans la région méditerranéenne, il est d'observation courante que les incendies touchent essentiellement les chênes sclérophylles (chêne kermès, chêne vert et chêne-liège) et les conifères, plus particulièrement le pin díAlep et le pin maritime en Provence siliceuse (voir chapitres sur la forêt méditerranéenne, le pin díAlep et les incendies).
Les observations de terrain, notamment après incendie, montrent clairement que les forêts de chênes pubescents, suffisamment denses, résistent particulièrement bien à l'incendie, notamment parce qu'elles empêchent, par l'ombre qu'elles créent, le développement de broussailles héliophiles très combustibles. Par ailleurs, dans les régions dégradées (par exemple la garrigue), les chênes pubescents isolés rejettent de souche après incendie, ce qui n'est pas le cas de la grande majorité des conifères. Dans notre région, seuls les genévriers (Juniperus) rejettent de souche.
Une trop longue période d'activité humaine dans ces massifs a entraîné la raréfaction de ce chêne caducifolié (voir chapitre sur la forêt méditerranéenne). On note actuellement, en raison du déclin des activités pastorales, une nette tendance du chêne pubescent à réoccuper les terres abandonnées. Ce phénomène est surtout observable lorsqu'il existe des géniteurs à proximité ou une végétation pionnière arbustive ou arborescente (pinède) qui attire les animaux vecteurs des glands. En effet, la propagation naturelle de cet arbre nécessite l'intervention des animaux : en faisant ses provisions pour l'hiver, le geai des chênes contribue à étendre la chênaie, car il enterre les glands là où ils germent le mieux, dans les espaces dégagés (voir chapitre sur les oiseaux). Le mode de vie de l'écureuil favorise également l'implantation des glands. L'écureuil roux (Sciurus vulgaris) ne retrouvant pas toujours durant l'hiver les glands qu'il a caché en automne, ces derniers pourront être à l'origine d'une germination.  Ces exemples illustrent bien ce phénomène d'extension naturelle du chêne pubescent. Les glands sont par ailleurs très convoités ; les mulots et les balanins du chêne font partie des nombreux animaux très friands de ces fruits, limitant ainsi considérablement son implantation. Pour accélérer la dynamique naturelle de formation du chêne blanc, l'intervention humaine n'est pas à négliger : le semis de chêne blanc est une activité très simple et divertissante à pratiquer. Il peut, à long terme, être un moyen de lutte contre les incendies ravageurs.

Le semis de chêne pubescent

Il existe différentes méthodes de semis du chêne pubescent. Il est bien sûr possible d'utiliser des plants de chêne pubescent provenant de pépinières, mais le semis de glands offre le grand avantage de pouvoir être réalisé par tous.
Les glands sont soit recueillis vers les mois d'octobre, novembre. Ceux qui ne sont pas utilisés le jour même ou le lendemain doivent être conservés dans un endroit frais abrité de l'air et de la lumière.
La période favorable pour le semis est d'octobre à fin février. Il peut se faire de différentes manières. Dans les endroits découverts, il convient de protéger si possible les glands contre les prédateurs (rongeurs, oiseaux) soit par des grillages, soit par des abris-serres. On peut également faire du semis dit ìà la voléeî, qui consiste à jeter les glands à la main. Mais ce type de semis doit se faire uniquement dans les broussailles. Une canne à semer les glands a été réalisée par un membre de l'A.R.P.C.V., Pierre Champroux. Elle se présente sous la forme d'un tube à coulisse d'environ 1,40 m. On introduit dans l'orifice trois glands sélectionnés et le mécanisme les fait tomber au sol dans la légère cuvette creusée par l'extrémité de la canne. Des essais ont été mis en place, il faut donc en attendre les résultats.
 Une fois le semis réalisé, dès le printemps suivant (mai-juin) les premières feuilles apparaissent. Il ne faut pas hésiter à mettre une grande quantité de glands par unité de surface (1 gland par m2 au minimum). Il est donc recommandé de concentrer le semis.

Extrait du livre :
"Le guide du sentier Le tholonet-Bibémus-Zola"
ARPCV édité par Edisud