ou l'aigle des garrigues |
(Extrait de la Feuille
de Chêne n°17)
En Europe, vivent presque quatre
cent espèces différentes de rapaces diurnes et nocturnes.
Certains ne font que passer quelques mois de l'année pour nicher
ou pour hiberner, d'autres s'attacheront après quelques années
d'errance, à un même et seul territoire.
C'est le cas de l'Aigle de
Bonelli qui occupe, çà et là, les reliefs méditerranéens.
Animal d'habitude très
discret, l'Aigle des garrigues se distingue facilement en parade nuptiale
par le feston d'acrobaties qu'il exécute en plein ciel au dessus
de son aire. Selon les endroits, cette démonstration de voltige
s'effectue de fin octobre à début janvier. Ainsi en voulant
charmer sa belle, il éloigne également d'éventuels
concurrents et délimite son territoire.
Son domaine de chasse varie
de 30 à 200 km2
suivant les saisons et la densité des proies. Il s'attaquera le
plus souvent à des rats et lézards ocellés et attrapera,
en plein vol, pigeons et corvidés.
Cet aigle est peu commun en
France. La modification de son milieu rupestre originel à roches
calcaires et à garrigues amène la raréfaction de ses
proies.
De taille, on pourrait dire
qu'il est plus grand que la buse et plus petit que l'Aigle Royal. Son plumage
adulte lui confère une allure princière avec sur son dessus
des plumes très sombres et en dessous un plumage blanc marqué
de petits traits interrompus verticaux noirs.
Son nom provient d'un ornithologue
italien, Monsieur Bonelli. Cet oiseau n'a été découvert
qu'en 1822 dans la région de Montpellier.
Ainsi à la fin de la
parade nuptiale, la mâle voue à sa grande compagne une fidélité
exemplaire et durable.
Avant la ponte annuelle qui
s'effectue de février pour les uns à début avril pour
les autres, le couple confectionne sur des rives ou des failles plusieurs
nids, en cas d'abandon d'urgence des premiers. Après 40 jours d'incubation
faite par la mère, deux oeufs blancs tachetés de brun donneront
naissance à un ou deux poussins couverts de fin duvet blanc. Pour
eux, les parents chassent plutôt des jeunes lapins de garenne. Ils
nourrissent leurs progénitures 2 à 4 fois par jours. Le premier
envole se réalise à 2 mois et demi. A ce moment précis,
les petits ont presque la taille des grands, mais ont une couleur roux-orangé.
Couleur qui perdent à 4 ou 5 ans pour leur superbe plumage d'adulte
et ils commenceront alors, à se reproduire.
Mais avant cela, ils dépendent
de leurs parents pendant quelques temps. Puis ces aiglons partent enfin
et errent sur plusieurs centaines de kilomètres en quête d'une
âme soeur et d'un territoire à leur convenance.
De nombreuses associations
et organismes d'état mettent tout en oeuvre pour que ces rapaces
ne disparaissent pas de nos paysages "pagnolesques", l'équilibre
naturel s'en verrait changé.
En effet, cet aigle comme
tous les autres oiseaux de proie est ce que l'on appelle un "super prédateur".
Il régule naturellement et sans excès les populations d'animaux
qu'il chasse. Il les débarrasse par exemple des individus malades
qui pourraient contaminer les autres. N'ayant pas de prédateur,
l'aigle disparaît d'un domaine de chasse, si celui-ci ne lui procure
plus un nombre suffisant de proie. Mais malheureusement, ce phénomène
naturel d'abandon de territoire est plus souvent généré,
aujourd'hui, par les dérangement humains : les communications routières,
ferroviaires, qui passent sur les sites à nidification, notre société
de loisir amenant son lot de randonneurs et alpinistes non avertis qui
font fuir, par des passages répétés, les rapaces des
leurs aires de prédilections, etc...
Cessons tout cela et soyons
des citoyens responsables de notre environnement.
Et, si nous commencions par
laisser vivre librement cet oiseau magnifique qui est l'Aigle de
Bonelli ?